Cette générosité est un éclair dans la grisaille clubiste et du sport tunisien.
Ce qui s’est passé le 5 novembre dernier devrait entrer dans les annales du football et du sport tunisiens. Le public clubiste a pu collecter plus de 1,5 million de dinars (entre versements en espèces, remise de chèques et virements bancaires). Un élan extraordinaire et exemplaire qui montre bien qu’un grand club ne meurt jamais. Il peut souffrir, endurer des difficultés, rester à l’ombre, mais jamais mourir, si, bien sûr, il y a un grand public derrière lui. A l’ère du football mondial sans frontières, et marqué par le poids du «digital» et de la «mercantilisation», on a encore un exemple de fidélité, d’identité et d’affiliation par rapport à un club. C’est le cas du CA qui hérite de dossiers lourds de Riahi (un petit dirigeant et un illustre inconnu qui a abusé du nom du club pour faire une carrière politique).
Des dossiers de dettes et de litiges déclenchés exprès par Riahi et ses sbires (des dirigeants vendus qui jusqu’à aujourd’hui exercent et décident). Résultat : des milliards à l’ardoise et des sanctions qui peuvent aller jusqu’à la rétrogradation. Il fallait une action forte, un engagement irréversible et beaucoup d’argent pour liquider les dossiers l’un après l’autre. Il y a eu d’abord le soutien de Wadii Al Jarry et la FTF, qui ont fait ce qu’il fallait faire, et aussi le soutien financier des mécènes et du public. A l’heure où les mécènes se font discrets (et pourtant les hommes d’affaires clubistes et les bailleurs de fonds sont nombreux et notoires), c’est le public, toutes catégories sociales confondues, qui a été au rendez-vous. Un élan extraordinaire de générosité et une action de «financement participatif» qui peut être enseignée dans les universités. En un seul jour, plus de 1,5 million de dinars ont été mobilisés, en attendant un apport promis de 3 millions de Boussbï. A rappeler que Younsi, président du CA, a injecté 100.000 dinars. Le compteur avance, les dossiers sont résolus l’un après l’autre, mais le plus important, c’est que le public du CA est son point fort. Un exemple de loyauté que d’autres clubs doivent suivre.
Un autre jour, et si nos clubs se transforment en sociétés, le CA n’aura aucun souci à mobiliser des capitaux. C’est un fait qui donne une bouffée d’optimisme pour l’avenir du club, fragilisé par les crises.